Les exigences & les usages de la VAE
La formation, sous toutes ses formes (initiale, continue, apprentissage…), n’est pas la seule voie d’accès à la certification ! Depuis 2002, la VAE permet en effet à toute personne active d’obtenir une certification en s’appuyant au minimum sur une année d’activité salariée, non salariée ou même bénévole.
La certification visée dans le cadre d’une VAE peut être un diplôme ou titre à finalité professionnelle délivré par l’État, ou bien une certification professionnelle enregistrée au RNCP. Chaque certificateur a l’obligation de garantir l’accessibilité de sa certification par la VAE. S’il existe de larges méconnaissances et freins à son déploiement, les exigences de France Compétences en la matière semblent importantes. Qu’en tirer pour les certificateurs ?
Une responsabilité pour les certificateurs
L’obtention d’une certification par la VAE, ce n’est pas la validation d’un diplôme « au rabais ». En effet, la certification obtenue par la voie de la VAE a la même valeur que celle obtenue par la voie de la formation. C’est pourquoi le parchemin d’une certification ne doit pas préciser pas la voie d’accès du titulaire.
Malgré cela de nombreuses réticences subsistent. Celles-ci sont pourtant en contradiction avec les attendus d’un certificateur.
Tout certificateur ayant une certification active au RNCP doit alors assurer l’accessibilité de sa certification par la VAE :
– En communiquant sur l’accès à la VAE au même titre que pour les autres voies d’accès figurant sur la fiche RNCP
– En respectant le prérequis d’accès dans le traitement de la recevabilité des demandes : justifier d’au moins un an d’expérience professionnelle en rapport direct avec la certification visée
– En formalisant et en fournissant au candidat recevable un livret 2 VAE à compléter
– En organisant un jury de certification dont la composition est conforme à la réglementation et à celle mentionnée sur la fiche RNCP
– En justifiant la mise en place de la VAE lors de la demande de renouvellement de la certification (précision du nombre de titulaires certifiés par voie de VAE et justification de cet usage)
La VAE fête ses 20 ans : bilan
– Près de 400 000 certifications ont été obtenues par la VAE en 20 ans
La VAE a fait l’objet d’un déploiement significatif. Ce dispositif s’adresse en effet à toute personne, quels que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation, dès lors qu’elle justifie d’au moins 1 an d’expérience en lien avec le titre (ce seuil correspond à la durée légale de travail annuel, soit 1607 heures).
74% des candidats occupent un emploi lorsqu’ils entament la démarche. Il s’agit pour autant d’une démarche individuelle. Le candidat n’a pas l’obligation d’en informer son employeur, sauf s’il souhaite solliciter son aide. En effet, il peut bénéficier d’un congé VAE (maximum 24 heures de temps de travail, consécutives ou non) ou d’une prise en charge financière dans le cadre du plan de développement des compétences.
– Un temps moyen d’environ 1 an pour le candidat
La VAE n’est pas une formalité, elle demande une réelle implication et de la motivation.
La loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle a instauré le droit pour toute personne, dont la candidature a été déclarée recevable, de bénéficier d’un accompagnement pour préparer son dossier de VAE et son entretien devant le jury ; pour les demandeurs d’emploi, cet accompagnement est organisé par la Région.
Un certificateur peut ainsi décider de fournir un accompagnement VAE. Celui-ci est une activité à part entière qui fait l’objet de l’une des 4 catégories d’actions couvertes par le Référentiel national qualité (RNQ) :
– Un accompagnement souvent nécessaire
Cet accompagnement est souvent nécessaire pour permettre aux candidats d’aller au terme de ce projet. Une problématique concernant le taux de présentation et le taux de réussite est à souligner. En témoignent les statistiques recueillies en 2020 :
* 42 000 candidats ont déposé un dossier de recevabilité : (-25% par rapport à 2019)
* 30 000 candidats se sont présentés devant un jury de certification (-18% par rapport à 2019)
* 18 000 candidats ont obtenu une validation totale, soit 61% de réussite (-16% par rapport à 2019)
* 27% des candidats qui se présentent devant un jury obtiennent une validation partielle
Les candidats obtenant une validation partielle connaissent un échec puisqu’ils ont très majoritairement visé la certification totale. On parle aujourd’hui d’une VAE sanction.
En somme, la VAE telle qu’elle existe depuis 2022, reste une démarche ponctuelle et rare, réservée aux publics peu ou pas diplômés et expérimentés.
La perspective d’une nouvelle réforme
Les données disponibles donnent peu de visibilité sur la réalité du parcours et sur son accès, il n’existe pas de décompte avant la recevabilité. Aujourd’hui, il est difficile pour les certificateurs de jouer le rôle de conseil et d’orientation en amont de la démarche de VAE. Il est donc nécessaire de mieux accompagner les projets de VAE.
Afin de simplifier le dispositif et de le rendre plus attractif, le gouvernement a présenté en mars 2022 une expérimentation de parcours, l’expérimentation REVA orchestrée par Beta.gouv, issue des propositions du rapport « De la VAE 2002 à la REVA 2020 : libérer la VAE. Reconnaître l’expérience tout au long de la vie » présenté par David Rivoire, Yanic Soubien et Claire Khecha.
Il s’agirait donc de passer d’une VAE sanction à une VAE de parcours :
– En simplifiant la recevabilité, c’est-à-dire en s’affranchissant du simple prérequis d’un an d’exercice, et en proposant un rendez-vous formel permettant de mieux éclairer le choix du candidat
– En systématisant l’accompagnement : l’apport d’une méthodologie adaptée au profil du candidat, voire le suivi en complément d’une formation (VAE hybride), permettraient de favoriser les chances de succès de la démarche
– En accélérant les jurys : des formats de restitution plus adaptés, une motivation plus exhaustive des décisions de délivrance et une formation des membres de jury, sont des pistes pour réduire le délai de la démarche et la rendre plus efficace.
Au vu des bons résultats de cette expérimentation, les essais sont élargis, dans l’attente d’une généralisation à travers une nouvelle réforme.
Les consultants Lafayette vous accompagnent dans la construction de vos projets de certification, mais également dans leur déploiement. Nous créons avec vous l’ensemble des procédures et mettons en place les outils permettant de répondre aux exigences de France Compétences et celles des financeurs, tout en assurant la conformité au référentiel national qualité.
Alain Gouet, Lucie Dujardin – Pratique Certification 09/2022